En remportant le Prix Congress (Gr2), Magic Dream a fait briller ses éleveurs et propriétaires, Benoît et Thomas Jeffroy. Venus du plat, ils sont de plus en plus présents sur les obstacles ! © www.jourdegalop.com
Par Adrien Cugnasse
Magic Dream (Saint des Saints) a été élevé par la Scea des Prairies – Benoît Jeffroy et son frère Thomas –, en association avec leur cousin Philippe Cochard. Le poulain court sous couleurs du haras de Castillon, une casaque active depuis une paire d’années, et qui correspond à l’entité normande où Benoit Jeffroy élève. Vingt-quatre heures après le Groupe d’Auteuil, ce dernier nous a confié : « Magic Dream courait à 10 jours. Nous ne savions pas comment il allait prendre sa course. Mais Arnaud Chaillé-Chaillé, qui connaît une période de forme exceptionnelle, était très confiant. Pour lui, le cheval était encore mieux qu’avant sa victoire de neuf longueurs dans le Prix Elseneur. »
Un futur étalon. La particularité de Magic Dream, c’est bien sûr d’être entier. Et ce n’est pas le fruit du hasard. Benoît Jeffroy détaille : « C’est un grand cheval mais pas lourd. Quand il est né, il était déjà physiquement exceptionnel. Rapidement, il a montré qu’il avait une remarquable locomotion. À l’élevage, il n’a jamais eu de problème, montrant un très bon caractère. Dès lors, mon frère et moi avons décidé de ne pas le faire castrer. Magic Dream est issu d’un croisement de rêve – Saint des Saints (Cadoudal) sur Trempolino (Sharpen Up), et sa mère, elle-même black type à Auteuil, a donné quatre black types sur les obstacles… pour quatre partants ! » Magic Dream est en effet le frère de trois bons chevaux, Magic Saint ** (Saint des Saints), gagnant de quatre courses à Auteuil (les Prix Finot, Elseneur, Agitato et Piomares), Always Magic (Sunday Break), lauréat du Prix Alain et Gilles de Goulaine (L) et Liberatore (Poliglote), troisième du Prix Aguado (Gr3)… Benoît Jeffroy poursuit : « Avec Manatee et dans le futur, nous l’espérons, Magic Dream au haras, nous allons continuer à développer notre jumenterie obstacle. Nous sommes déjà passés de trois ou quatre à 10 juments d’obstacle en l’espace de cinq années. Dans cette discipline, on gagne à faire valoriser ses chevaux à l’entraînement en France. Surtout que notre pays, avec la réussite du label "FR", a une cote extraordinaire sur ce marché… »
Pas d’œillères. L’étalonnage, Benoît Jeffroy connaît ! Et pas seulement en plat, lui qui est stud manager et bloodstock advisor du haras de Bouquetot. Comme beaucoup de jeunes professionnels, il s’intéresse aussi à l’obstacle : « Magic Poline (Trempolino), la mère de Magic Dream, a été saillie par Manatee (Monsun), dont nous sommes copropriétaires et qui fait la monte au haras du Hoguenet. Nous avons beaucoup soutenu cet étalon, avec une dizaine de juments par an. De bons éleveurs et les autres copropriétaires ont fait de même.
Et j’envoie d’ailleurs sept de ses 2ans à l’entraînement. Toutes générations confondues, nous avons actuellement des sauteurs chez Arnaud Chaillé-Chaillé, Étienne et Grégoire Leenders, David Cottin… La première victoire des couleurs du haras de Castillon sur les obstacles remonte en 2019 avec Pop Up(Turgeon) sous l’entraînement de François Nicolle ! Encore une jument de plat que nous avons mise sur les obstacles. »
Benoît Jeffroy fait partie de cette nouvelle génération d’éleveurs de chevaux de plat qui n’a pas d’œillères et qui n’hésite pas à investir dans les sauteurs. Il explique : « J’adore l’obstacle. C’est un sport magnifique. Et c’est aussi plus accessible. Je peux m’offrir une saillie du Galileo (Sadler’s Wells) de la discipline. En plat, c’est plus compliqué ! On voit presque plus de jeunes éleveurs à Auteuil qu’à ParisLongchamp. »
L’intuition de Damien de Watrigant. L’histoire de Magic Dream débute avec sa deuxième mère, Magic Play (Deploy), championne à 2ans en Belgique et proche deuxième de Listed sur 2.300m à 3ans au Lion-d’Angers. Benoît Jeffroy explique : « Mon père avait acheté Magic Play pleine de Loup Solitaire(Lear Fan). Le produit, Loup Magic, était un bon cheval, gagnant de quatre courses en plat. Après avoir donné quatre lauréats en plat, mon père a décidé de l’envoyer à Trempolino. Le produit, Magic Poline, a débuté par quatre courses en plat sous l’entraînement de Damien de Watrigant. Ce dernier nous a alors conseillé de l’envoyer sur les obstacles, comme il l’a fait récemment avec Thélème (Sidestep) ! Avant de devenir une super poulinière, Magic Poline a été notre premier cheval à l’entraînement chez Arnaud Chaillé-Chaillé et cela s’est bien passé puisqu’elle a gagné deux courses à Pau tout en se classant troisième du Prix Univers II (L). La réussite de cette famille sur les obstacles, nous la devons donc en partie à l’intuition de Damien de Watrigant ! Mon père a toujours eu des chevaux d’obstacle, croisant des juments de plat avec des étalons confirmés pour la discipline. Beaucoup de bonnes familles d’obstacle sont nées ainsi. Nous avons des bouts dans une cinquantaine de juments, dont une dizaine pour l’obstacle. »
Des sauteurs… et des 2ans ! La réussite de Magic Dream ne saurait éclipser celle des bons chevaux de plat élevés par les Jeffroy. C’est notamment le cas de l’impressionnant 2ans Chez Pierre **(Mehmas), invaincu en deux sorties. Mais aussi d’un autre bon 2ans, Urgent Appeal (Showcasing), lauréat de Classe 2 à Chantilly, ou encore Penjah (Camelot), lauréate avec style de son maiden à Marseille. Le 2ans Bravado (Showcasing), élevé pour le compte de Framont Limited, est invaincu en deux sorties outre-Manche. Le 3ans Port Étienne (Olympic Glory), élevé en association avec La Motteraye, vient de se classer deuxième de la Coupe de Marseille (L). Soit autant d’espoirs pour la saison 2021 !
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