Comme chaque année, les journalistes de JDG visitent les haras qui présenteront des yearlings en septembre chez Arqana. Benoît Jeffroy nous a ouvert les portes du haras de Castillon !
Par Adrien Cugnasse
En 2020, le haras de Castillon présente des chevaux de l’élevage de famille Jeffroy (Benoît, son frère et son père), mais également ceux d’associés qataris ou anglais, dont la quasi-totalité ont grandi en Bretagne à la Scea des Prairies ou en Normandie au haras de Castillon. En famille et en affaire, l’union fait la force ! Les Jeffroy ont une souche "maison" et Castillon présente trois yearlings de cette lignée maternelle à la vente de septembre 2020. Il s’agit de la descendance de Texan Beauty (Vayrann), une "Wattinne" qui est à l’origine de Frankyfourfingers (Sunday Break), lauréat de l’Al Maktoum Challenge Round 2 (Gr2) ou encore de Never on Sunday (Sunday Break), gagnant du Prix d'Ispahan (Gr1), mais également sur le podium du Gulfstream Park Turf Handicap et des Prince of Wales's Stakes (Grs1). Plus récemment, cette souche a donné aux Jeffroy Taos (Toronado), un lauréat du Derby du Midi (L) dont Castillon présente la sœur par Shalaa (lot 123). On trouve aussi dans cette consignation un Wootton Bassett (Iffraaj) sur la sœur de Frankyfourfingers. Benoît Jeffroy nous a expliqué : « Cette souche fait des chevaux durs, qui progressent avec le temps. De vrais battants, de taille moyenne, généreux et combatifs. »
Sunday Break, un achat inspiré. La descendance de Texan Beauty s’est particulièrement bien mariée avec l’étalon Sunday Break (Forty Niner), lequel fut durant sa carrière un bon 3ans sur le dirt, lauréat des Peter Pan Stakes (Gr2) ainsi que troisième des Belmont Stakes et des Wood Memorial Stakes (Grs1). Benoît Jeffroy poursuit : « Il nous a donné Never on Sunday, le premier gagnant de Gr1 né en Bretagne, Dabirsim (Hat Trick) étant arrivé juste après. Nous avions racheté Sunday Break alors que sa production commençait à se distinguer sur le gazon. Il faisait alors la monte dans le Kentucky, mais ne trouvait pas sa place sur le marché américain. Ce fut un achat judicieux car il a donné beaucoup de bons et beaux chevaux qui allaient aux courses, sans avoir accès à une jumenterie particulièrement bonne. Outre Never on Sunday et Frankyfourfingers, on lui doit par exemple Cavale Dorée (Prix du Calvados, Gr3, 3e du Breeders' Cup Juvenile Fillies Turf, Gr1), Danza Cavallo (2e des Flower Bowl Stakes, Gr1), Brownie (Marit Sveaas Minnelop et Polar Cup, Grs3)… Cerise sur le gâteau, Sunday Break s’affirme comme un bon père de mères. Il produisait sain et solide. Troisième des Belmont Stakes (Gr1), il avait aussi de la tenue et ce n’est pas tout à fait une surprise qu’il donne de bons chevaux d’obstacle, à l’image d’Always Magic (placé du Prix de Maisons-Laffitte, Gr3) ou d’Orsippus (Matalan Anniversary 4-y-o Novices' Hurdle, Gr1). »
Castillon présente une fille d’Almanzor et de l’excellente Tropical Mark (Mark of Esteem), laquelle a déjà donné trois bons chevaux – dont deux aux Jeffroy – avec Trip to Rhodos (Rail Link), lauréat de 11 courses dont le St Leger Italiano (Gr3), la placée de Gr1 Danza Cavallo et son propre frère Brownie(Sunday Break), champion en Scandinavie où il a gagné deux Groupes. Benoît Jeffroy explique : « Tropical Mark est une grande jument, assez légère, qui convient avec des étalons solides comme Sunday Break. Ou encore Almanzor, avec lequel elle nous a donné une bonne pouliche, épaisse et assez électrique… comme Danza Cavallo ! »
D’Alounak à Stormy Antarctic. Le haras de Castillon présente le seul produit de Dandy Man(Mozart) au catalogue, mais également l’unique Raven’s Pass (Elusive Quality). Le Dandy Man – issu d’une mère par Dark Angel (Acclamation) – a été élevé par une association entre Khalifa Al Attiyah, Thomas et Benoît Jeffroy, l’écurie de Castillon et Philip Lybeck. Le Raven’s Pass est le propre frère de Zayva (Raven's Pass), lauréate du Prix de la Cochère (L) et leur mère a aussi donné Ziyarid (Desert Style), deuxième des Secretariat Stakes (Gr1). Ce yearling appartient à des clients étrangers de Castillon où de nombreuses nationalités sont représentées. Les Jeffroy ont élevé et/ou vendu pour eux – et même parfois en association avec leurs clients anglais – de bons chevaux comme Alounak (Camelot), deuxième des Canadian International Stakes (Gr1) ou encore Stormy Antarctic (Stormy Atlantic), lauréat de cinq Groupes et 735.194 € de gains ! Benoît Jeffroy poursuit : « Nous présentons le frère utérin d’Alounak – par Kodiac –, lequel fut favori du Derby allemand (Gr1) et qui est revenu encore plus fort après avoir connu quelques soucis. C’est vraiment un bon cheval. Le yearling marche comme un Dieu et il est vraiment épais. D’Alounak à Stormy Antarctic, nous avons le bonheur de sortir des chevaux qui durent et qui sont réguliers à haut niveau. C’est prometteur pour les bonnes générations à venir. Grâce des associations, nous avons amélioré la qualité de la jumenterie – tant à la Scea des Prairies qu’à Castillon –, et à Castillon nous avons récemment beaucoup augmenté la surface. Le meilleur est donc à venir. »
Attirer plus de clients étrangers. Eqtidaar (Invincible Spirit), lauréat de la Commonwealth Cup (Gr1), est (pour l’instant) le seul lauréat de Gr1 issu d’une mère par Acclamation (Royal Applause). Benoît Jeffroy détaille : « Pour reproduire ce croisement, nous avons croisé des filles d’Acclamation avec Shalaa (Invincible Spirit). Et nous avons deux yearlings qui sont issus de croisement, dont la sœur d’Aljumayliyah (Olympic Glory), troisième du Prix La Sorellina (L). Nous avons élevé le fils d’Al Sailiyah(Acclamation) en association avec Al Shaqab Racing. » Castillon propose un produit Toronado issu de la bonne Crystals Sky (Hernando), laquelle a déjà donné trois black types. Il a été élevé par deux amis de Son Excellence le cheikh Joaan Al Thani, Ali Thamer Al-Mehshadi et Nasser Abdulla Al-Mesned.
D’un naturel optimiste, Benoît Jeffroy a le regard tourné vers l’avenir : « Plus que jamais, avec la crise du Covid, il faut promouvoir la stabilité et la qualité de notre système français et attirer toujours plus de clients étrangers. Souvenons-nous que la crise de 2008 fut un catalyseur pour l’arrivée d’étrangers dans notre filière… La période de difficulté actuelle doit nous servir à accélérer la mue de notre univers, en développant plus largement les syndications, que ce soit en course ou à l’élevage. Pour ceux qui ont des 2ans par exemple – et même des chevaux d’âge – il y a des opportunités formidables dans notre pays. C’est superbe de voir de grands sportifs, comme Clément Lenglet, Tony Parker ou encore Antoine Griezmann, qui prennent leurs couleurs. Outre leurs investissements, le bénéfice est réel en termes d’image. »
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